Publié le 15 février 2019

Rencontre avec Lucien Fradin et Aurore Magnier

« Gratuit pour les mamies » : ce drôle de titre est celui d’un rendez-vous lancé par le metteur en scène Lucien Fradin, d’abord au Théâtre Massenet il y a deux ans, puis à la maison Folie Moulins en décembre dernier. L’artiste Aurore Magnier a préparé avec lui cet événement consacré aux grand-mères. Appuyés par notre équipe de médiation, tous deux ont mené un travail d’écriture et de mise en scène avec trente élèves du Lycée Baggio et le Gang des tricoteuses. Ils nous racontent.

 

Les passions secrètes du Gang des tricoteuses

Aurore Magnier et Lucien Fradin font attention à ne pas parler à la place des autres. Et pour parler de grand-mères, le Gang des tricoteuses semble bien placé : c’est un groupe de mamies au caractère bien trempé, qui se retrouve douze heures par semaine dans un petit local du quartier de Moulins. Lucien Fradin se souvient des premières rencontres qui tournent autour des histoires du quotidien, sans laisser encore pressentir d’axes d’écriture. Il tient un premier sujet quand il demande conseil pour son fraisier, et que chacune a son avis sur la question. De là, Aurore Magnier invite ces femmes à parler de leur passion, une manière de se raconter au présent. Le gang est convié à la maison Folie Moulins pour assister à une étape de la création  Wulverdinghe, sur laquelle les deux artistes travaillent. Elles en profitent pour faire une partie de flipper à la Bulle Café où elles se produiront bientôt.

Le jour de la représentation, le petit local est transposé sur la scène du bar. Elles y tricotent tout l’après-midi et composent une installation vivante. A un moment, c’est leur tour de prendre la parole : chacune présente son hobby tandis que les autres jouent de leurs pelotes et de leurs aiguilles pour imager la scène. « Ce qui est ressorti de cette présentation, c’est que c’est un groupe très solidaire », souligne Aurore Magnier. « C’était beau et fort, elles étaient vraiment à l’écoute les unes des autres. »

 

Raconter sa mamie

Parmi les performances de l’après-midi, trente adolescents du Lycée Baggio présentaient aussi le résultat d’ateliers menés par Aurore Magnier et Lucien Fradin. L’idée était de partir de leur portable : chaque élève était allé prendre un selfie avec sa grand-mère, agrémenté de filtres. Cette photo leur servait de support pour conter une histoire de mamie à des petits groupes de personnes, en s’installant à leur table. Une expérience intimiste, qui aide à prendre confiance en soi.

 

Avec ces petites formes, Lucien Fradin et Aurore Magnier continuent de transmettre leur goût pour l’autofiction, cette écriture qui consiste à se raconter sans que l’on puisse distinguer le vrai du faux. Ils nous invitent à porter attention aux petites histoires et à nous intéresser aux plus vieilles de la famille. Transmission à poursuivre dans un prochain Gratuit pour les mamies (on l’espère), ou plus prochainement avec le spectacle Wulverdinghe, à découvrir le 12 juin à la maison Folie Moulins.

Entretien réalisé le 10/12/2018